2022 Ricochets

Projets artistiques

Le thème 2022 est Ricochets.
Des artistes sont invités à créer une œuvre sur l’eau et le minéral, sur les rebonds de forme et de pensée.
Les projets pédagogiques et l’intervention de médiation Dialogue d’images sont présentés en bas de cette page.

Ketheryn Babst

Installation – Affiches

Aussi difficile à cerner qu’à rencontrer, Ketheryn Babst cultive la fiction dans son travail autant que dans sa propre vie. Elle manie l’humour et le second degré avec une ironie souvent un peu cruelle mais surtout grandguignolesque.
Elle a porté son regard sur Wattwiller et sur le thème Ricochets et a inventé un monde rassemblé dans cet Office de tourisme. Affiches de voyage de la compagnie Babst airlines, affiches de film détournées, invention du Ricochex, de l’eau deshydratée et autres, mélangent des références connues et des violences naïves dont l’excès grinçant ne peut que porter à s’esclaffer, parfois après un petit temps de suspend !
Elle se moque de tout et de nous tous, sans exception, elle donnera envie à certains de lui donner des claques, mais sa discrétion absolue empêchera à quiconque de lui en vouloir vraiment.

Augustin Muller

Installation sonore

Augustin Muller s’intéresse aux sons et à la façon dont ils modifient l’espace dans lequel ils se diffusent. Jouant ici avec des grains de sons minéraux,  de sons enregistrés à Wattwiller, il les dispose et les propage comme le ferait un galet heurtant et troublant la surface de l’eau.
L’espace de la gloriette est très sobrement agencé dans un dispositif qui fait référence aux jardins zen japonais et dissimule les sources sonores.
Comme dans ces jardins de pierre, le sol recouvert de graviers matérialise une surface qui s’anime et se déforme par le son.
Espace d’écoute et de méditation, cette installation demande toute l’attention du spectateur et cet espace dénudé pourra alors vibrer à ses yeux autant qu’à ses oreilles. 

Vincent Schueller

9 aquarelles 30 x 40 cm
Une sculpture pierre et métal

La notion de ricochet est inhérente aux œuvres de Vincent Schueller. Les objets qu’il dessine semblent rebondir, non pas au sens propre, mais par la signification qu’ils prennent les uns par rapport aux autres dans leurs associations incongrues. Leur sens semble s’ouvrir comme des cercles concentriques autour d’une pierre lancée dans l’eau.
Ses dessins d’une grande précisions montrent une maitrise de l’aquarelle, médium exigeant et sans repentir possible.
Ils ne laissent pas de place à l’interprétation du sujet lui-même, un kangourou est un kangourou et un aqueduc ne peut pas être confondu avec un pont. Seul le balbuzard, oiseau pêcheur qui se mêle à une goutte d’eau nécessite peut-être d’être nommé. C’est en étant associés comme les mots d’une phrase qu’ils deviennent insaisissables. Loin du processus du rébus qui crée une logique phonétique, ces sujets là ne se prononcent pas, on ne peut pas essayer de raconter ces dessins, on peut les savourer, sourire, s’inquiéter d’un devenir possible ou juste réaliser qu’ils n’ont rien à voir avec la réalité à laquelle ils semblent appartenir, ils s’échappent du monde et de notre esprit, en rebondissant longtemps sur l’eau…

Maurice Krafft

Vidéo

Un court montage extrait des kilomètres de pellicules tournés par Maurice Krafft sur les lieux des éruptions volcaniques auxquelles ils ont assisté, a été effectué par Julien Dumont, dans l’attente du long métrage qu’il prépare sur le couple de volcanologues.

Simon Burkhalter

Tiges de bois pin peint, boulons en acier et fil de coton, dimensions variables

Simon Burkhalter s’intéresse à la mobilité des corps et expérimente leurs gestes à travers des structures mobiles articulées. Le déplacement des animaux est rendu possible par une prise d’appui sur la terre, sur l’eau ou sur l’air. C’est ici le mouvement de l’eau elle-même que l’artiste a voulu observer.
Dans une forme d’identification au corps humain, il invente une sorte de squelette de la surface de l’eau.
Cette surface, qui n’a pas vraiment d’existence puisqu’elle est le point de contact entre deux milieux, devient une entité autonome. Peut-être influencé par la modélisation 3D qu’il pratique dans le monde virtuel, et dans laquelle les volumes sont souvent traités par triangulation, il utilise la triangulation pour donner de l’épaisseur à cette surface et en faire un système modulaire vibrant.
Une mise en évidence de la tension superficielle qui crée une nouvelle matière, la «peau» de l’eau, qui se tend comme le fait la nôtre, et interroge nos relations intimes et tactiles avec cet élément.

Marion Richomme

Porcelaine

Marion Richomme observe les matières de la nature, qu’elle transforme et recrée au moyen de son matériau de prédilection, la terre. Elle choisit le grain, la teinte, la texture en fonction du résultat qu’elle cherche à obtenir, et lui invente des émaux et des couleurs.
Le titre de cette sculpture en céramique fait référence à une plage de Finlande sur laquelle s’est produit un phénomène météorologique exceptionnel en 2019 : des milliers d’œufs de glace s’y sont échoués un matin d’octobre.
L’artiste joue sur la similitude entre la glace, eau solide, et la lave qui est de la roche liquide. Cette double référence l’a incitée à créer une matière dont les craquelures pourraient provenir d’un choc thermique, de la sécheresse ou de transformations. Créée spécifiquement pour la Fontaine de Gohr, la sculpture recouvre la surface de l’eau de ses formes bouillonnantes. La sculpture joue avec l’eau et on ne sait pas si elle flotte ou si elle émerge.
Si la nuit est noire, les craquelures deviennent phosphorescentes, prémices de profondeurs inconnues.

Bernard Plossu

Site de l’artiste

1974 USA -2019 FRANCE Chamonix

2 photographies contrecollées sur dibond

Ces images ont été sélectionnées par Anne Immelé, directrice artistique de la Biennale de photographies de Mulhouse, qui se déroule du 10 juin au 17 juillet, sur le thème «Corps céleste». La sensibilité fortement minérale de ce propos s’est trouvée résonner avec le thème de la FEW.
C’est pourquoi nous avons mis en place un partenariat autour d’un volet décentralisé à Thann prévu par la Biennale, où sont exposées à la Médiathèque les photographies de Bernard Plossu et Francis Kauffmann, ainsi qu’une série de grands tirages en extérieur le long de la Thur. Le Biennale nous a permis de bénéficier d’une sélection de clichés de ces deux grands photographes sur les relations entre l’eau et le minéral à exposer en écho sur le parcours de la FEW.
Ces deux photographies de Bernard Plossu se répondent à près de 45 ans de distance pour l’année de leur prise de vue et quelques milliers de kilomètres pour leur localisation. Elles mettent en relation les énergies du corps et de l’eau avec les découpes acérées de la pierre. Elles révèlent la sensualité et les passions du paysage.

Katia Krafft

Photographies

Les relations entre l’eau et le feu sont nombreuses, souvent parce qu’on les oppose mais aussi parce que leurs forces se complètent et témoignent d’une vitalité géologique de la planète et de son instabilité.
Les photographies qui documentent le travail des Krafft ont principalement été prises par Katia. Au-delà du travail scientifique, elles révèlent un talent de photographe dans le cadrage, la qualité des lumières et des matières mises en évidence.
Des impressions d’une sélection de photos jalonnent Wattwiller pour cette 25ème édition de la FEW pour marquer chacun des foyers du village qui a hébergé une œuvre le temps d’une des éditions, ainsi que quelques grands tirages sur la façade de la Salle Krafft.

Violaine Chaussonnet

Photographies argentiques

Violaine Chaussonnet cadre le monde qui l’entoure. Son regard attentif et patient cherche à capturer les correspondances qui peuvent naître entre les corps et les éléments naturels.
Impressionnées sur de la pellicule argentique, ses images, mélangeant noir et blanc et couleurs désaturées, ne doivent rien au hasard : après développement, les images sont scannées, travaillées numériquement et tirées par ses soins. 
Violaine a fait plusieurs séjours à Wattwiller, grâce au soutien de la Communauté de Communes de Thann Cernay qui prête son studio – résidence à l’Abri-mémoire d’Uffholtz. Elle s’est plongée dans le territoire (Hirtzenstein, Hirnelstein, Schletzenbourg…) sur les lieux de la faille vosgienne d’où ont surgi des roches magmatiques il y a plus de 50 millions d’années. Ce territoire minier, creusé qu’elle explore fait écho au lieu où elle a eu envie d’exposer, la crypte de l’église, avec ses pierres séculaires et les sculptures cassées ou fragiles qu’elle abrite. Ces failles nous parlent de temps, de ruptures, de fêlures, de passages… Douces ou acérées, lumineuses et mystérieuses, les roches s’affirment par leur éternité et, loin d’être brandies pour être lancées, elles nous semblent présentées comme un miroir.

Sylvie Ruaulx

Coutumière des relations avec la science et l’industrie pour élaborer ses travaux, Sylvie Ruaulx s’est tournée vers l’Aprona, observatoire de la nappe d’Alsace, dont le portail d’accès présente l’état quantitatif et qualitatif des eaux souterraines. Elle a sélectionné le dessin des trois nappes phréatiques autour de Wattwiller qui nécessitent une «action de reconquête» pour limiter leur teneur en nitrates faisant ainsi le lien entre l’eau, le souterrain et le minéral. Dans sa pratique d’usage de matériaux industriels, l’artiste s’est tournée vers les outils en relation avec l’adduction d’eau : pompes et tuyaux d’arrosage. Elle forme avec une sorte de carte murale, chaque couleur circonscrivant une des zones.
La suite de l’élaboration est un jeu où matières et couleurs créent un dessin combinant les brillances du chrome, les tonalités vives du plastique, et l’eau qui apparait entre conduites et entonnoirs comme une ouverture du trait graphique, ou une échappée nécessaire du vivant dans ces circuits imposés.
L’eau circule ici à la verticale, comme elle le fait entre les nappes souterraines et nos robinets. Elle est en circuit fermé, comme c’est également le cas dans la réalité, puisque les eaux qui ne vont pas dans les cours d’eau retournent vers la nappe phréatique, et sont souvent responsables des problèmes de pollution. Ce circuit, qui pourrait paraître un peu absurde comme le sont souvent les fontaines en circuit fermé, devient ainsi une métaphore du monde réel.
Entre sérieux et légèreté, Sylvie Ruaulx nous présente une vision de notre rapport actuel à la nature, que nous devons sans cesse réparer.

Francis Kauffmann

Site de l’artiste

3 photographies contrecollées sur dibond

Francis Kauffmann est un photographe voyageur. Ce sont les lieux et les personnes rencontrées qui génèrent ses photographies. Il a trouvé au Maroc le ferment qui suscite les images qu’il aime. Les trois images qu’il a sélectionnées pour la FEW ont été « trouvées » dans le Haut Atlas, dans des régions où les touristes ne se rendent pas et dans lesquelles il retourne régulièrement, tissant des liens et des affections que la pandémie a hélas laissés de côté. Son dernier voyage prévu en début d’année a été repoussé par des frontières fermées.
L’eau est présente dans les trois photographies et, si elle contribue à ces paysages grandioses, elle se montre sous son aspect utile et sa relation aux habitants. C’est leur présence, plus ou moins visible selon les images, qui intéresse le photographe, et ce paysage sauvage ne semble exister que pour eux. Les trois photos jouent différemment des flous, des ombres et des lumières et chacune peut être explorée longuement, mais elles se répondent comme une chronique de la vie de ces femmes que la tradition a toujours liées à l’eau.

Katia et Maurice Krafft

Cette thématique sur les relations entre l’eau et le minéral est une occasion bienvenue pour rendre hommage aux deux volcanologues Haut Rhinois qui ont vécu les dix dernières années de leur vie à Wattwiller, pas très loin de la salle qui leur est maintenant dédiée et où se déroulera cette soirée.
La très importante collection d’archives comportant les photos et les vidéos que les Krafft ont réalisées pendant leurs missions, mais aussi une collection d’objets, de tableaux et documents graphiques liés au volcanisme, après avoir été confiée à différentes associations a heureusement été prise en charge par un passionné de leur travail, Julien Dumont, producteur de cinéma (Titanfilmproductions) habitant à Genève, qui a créé le fond Krafft/Dumont. Il fait un travail énorme d’archivage et de numérisation des milliers de magnifiques photos, principalement prises par Katia Krafft, et des films non moins impressionnants tournés par Maurice.
Il a largement contribué à cette édition de la FEW en nous offrant l’accès à ce fond, et il nous fera le plaisir d’être à Wattwiller le 25 juin pour nous parler de sa relation aux Krafft, de ses projets avec cet ensemble de documents et partager avec nous quelques unes des magnifiques vidéos qu’ils ont tournées. .

Projets pédagogiques

Violaine Chaussonnet et l'Agora

Photographies
avec le Centre Socio-culturel de Cernay et Nora Klarzynski

Violaine Chaussonnet a partagé une semaine avec deux groupes de l’Agora constitués en duos adulte/enfant.
Elle a partagé avec les participants sa démarche sur les relations entre le corps et la pierre, et les a initiés aux bases de la photographie. Cadrage, lumière, précision du regard et observation des pierres ont dans un premier temps été testés avec des appareils numériques. Chaque duo s’est ensuite vu confier un appareil jetable avec une pellicule en noir et blanc, et a continué les prises de vues dans les zones minières de Steinbach. La découverte des photos après développement et tirages a apporté de belles surprises et abouti à cette sélection de qualité.

Brigitte Herbertz et le CLHS de Wattwiller

Zoé, conteuse, a accompagné les jeunes du centre de loisirs dans la découverte et le partage du très beau texte de Francis Ponge, Le savon 
…Une sorte de pierre, mais qui ne se laisse pas rouler par la nature : elle vous glisse entre les doigts et fond à vue d’oeil plutôt que d’être roulée par les eaux…
Glissant des gestes aux mots, ils ont joué avec le savon et les mots, les faisant rebondir, passer jusqu’à l’usure. Le savon permet une sorte d’accélération du temps, une érosion joyeuse et bouillonnante.
Le résultat de leurs ébullitions sera présenté lors d’une performance le 12 juin à 16h ; un panneau de photographies restera exposé sur le parcours de la FEW



… Si je m’en frotte les mains, le savon écume, jubile…

Plus il les rend complaisantes, souples,

liantes, ductiles, plus il bave, plus

sa rage devient volumineuse et nacrée…
 Pierre magique !…

Francis Ponge – Le savon


Vincent Rouby et l'école d'Uffholtz

Affiches avec les classes de CE1 de Sophie Ley et CP-CE2 de Maryline Grunenwald de l’école du Bungert de Thann

Graphiste, Vincent Rouby utilise les formes, les traits, les matières et les lettres comme autant d’éléments à combiner sur la page pour composer un visuel. Il faut bien sûr sélectionner ces composants en fonction du sujet dont traite l’affiche, et c’est ici le thème du ricochet qui a bien sûr été abordé. Des ricochets cependant un peu particuliers puisque que les galets sont transformés en mode de locomotion destinés à envoyer les candidats au voyage vers des destinations de rêve.

Fanny Munsch - Dialogue d'images

Lien vers le document présentant les 6 dialogues

En amont de la visite du parcours, une médiatrice  prépare un Dialogue d’images, une douzaine d’œuvres en relation avec le thème de l’année, sélectionnées dans différentes époques de l’histoire de l’art et dans les œuvres des artistes invités. Les œuvres sont présentées par deux, en mettant l’accent sur leurs ressemblances et leurs différences. 

Marion Richomme et l’école du Bungert de Thann

Sculpture, terre crue et cuite
avec les classes de CE1 de Sophie Ley et CP-CE2 de Maryline Grunenwald

Préparés par l’étude de leur environnement minéral, souvent volcanique en Alsace, à observer les textures minérales et les nuances infimes des formes des pierres, les élèves ont été initiés par l’artiste à une approche gestuelle de la céramique. Appréhender la terre, la malaxer, la marquer de ses doigts ou d’autres empreintes, différentes techniques ont permis de fabriquer de nombreuses formes de cailloux ou de galets. Certains restés crus sont exposés à Wattwiller. Ils subissent les aléas météorologiques dans une sorte d’accélération de l’érosion, dilution ou pulvérisation selon le temps.
D’autres pierres de terre prennent le temps de sécher et seront ensuite cuites à la Faïencerie de la Doller, dont la visite préalable leur a appris aux élèves les secrets et les contraintes de la cuisson.

Pour compléter la visite, quelques textes sur le thème Ricochets.
textes FEW2022